Dossiers consacrés

aux réalisateurs japonais

 

Ce n’est qu’à la fin des années 70, que la plupart des dossiers consacrés aux cinéastes, sont mis en place. Le triumvirat [1]  est à l’honneur, particulièrement Mizoguchi et Ozu qui font l’objet de deux ou trois dossiers en moins de deux ans [2], principalement dans les revues Positif et les Cahiers du cinéma.

Les études concernant  l’empereur Kurosawa ont l’inconvénient d’être un assortiment de textes dépourvus des appréciations et des impressions  de la critique française. Les études dans Positif  ne sont, par exemple, que des pièces rapportées provenant de textes étrangers [3]  ou  un ensemble de notes sur divers films [4]. Le personnage n’est pas étudié dans son ensemble mais seulement à travers ses films.

Après quelques résistances de la part de la revue Positif, lors de sa découverte, Mizoguchi fait désormais l’unanimité ! Son nom est finalement devenu synonyme de sublime, les éloges ne pouvant être plus significatives :

« …Si le cinéma est un art, Mizoguchi est parmi ses grands praticiens l’un des très rares qui mériteraient ce suprême éloge.[5] »

Ou  encore :

« Mizoguchi Kenji est au cinéma ce que Jean-Sébastien Bach est à la musique, Cervantès à la littérature, Shakespeare au Théâtre, Titien à la peinture : le plus grand.[6] »

« Le Continent Ozu », comme l’appel Bergala [7], découvert 14 ans après sa mort, fait l’objet de nombreux dossiers entre 1978 et 1980. Une célébrité soudaine et exceptionnelle, fascinant des metteurs en scènes comme Rivette, Tacchela, Scorsese, Wenders… Il est réputé pour avoir bousculé les règles traditionnelles de la grammaire cinématographique, assurant par là sa modernité.

« Il appréhende différemment les choses et nous les transmet suivant un système logique qui est original et qui lui est propre.[8] »

Longtemps absent et négligé, son nom  est désormais sur le podium des plus grands cinéastes japonais. Selon Ciment [9], le premier texte remonte à 1957 [10]. Il est suivi jusqu’au milieu des années 60, de quelques études partagées exclusivement entre Anderson et Richie. (Ce dernier restera le meilleur spécialiste « Ozuen » à qui l’on doit la majorité des informations et des idées). Les années 70 font état d’une dizaine de documents anglais, américains et japonais. Tel un vase Ming découvert des  siècles après sa disparition, les spécialistes sont fascinés par son œuvre et son personnage. Passion jamais inassouvie tant l’objet est précieux, rare  mystérieux et gardien de secrets inépuisables…

 

La pénurie d’informations constatée au début des années 50 se résorbe peu à peu.
Plusieurs éléments ont permis aux critiques de mieux connaître le cinéma japonais et une grande partie de ses réalisateurs :
principalement par un jeu de comparaisons, de curiosité intellectuelle et
par une documentation de plus en plus fournie et chaque année grandissante.

Ces recherches n’ont pas la prétention de clore l’enseignement mis en place,
mais seulement d’établir quelques bases pour pouvoir petit à petit  analyser,
critiquer et porter un jugement de valeur plus vraisemblable et plus juste.

 


 

Partie suivante

 

[1] Kurosawa, Mizoguchi et Ozu
[2] Une exception : les Cahiers du cinéma ne présente, sauf erreur,  aucun dossier, dans ces années là,  sur Kurosawa.
[3]« Tokyo, Kyoto et Kurosawa », n°225, dec 1979, p :30-53
[4] Niogret,n°132, nov 1971, p :46-55
[5] Legrand, « la gloire d’un cinéaste », Positif, n°212, nov 1978, p :22-25
[6] Douchet, « connaissance de Kenji Mizoguchi », Cinéma, n°236-237, aout-sept 1978, p :93-114
[7]« L’homme qui se lève », Cahiers du cinéma, n°311, mai 1980, p :24-39
[8] Niogret, Positif, n°203, fev 1978, p :2-27
[9] « sous les yeux de l’occident », Positif, n°205,  avril 1978, p :30-44
[10] « Seven from the past », Sight and Sound, vol.27, n°2. Automne 1957