Dossiers réalisés sur le cinéma japonais

 

 

Melting-pot de toutes les recherches qui figurent cette deuxième partie, ces dossiers sont, pour la plupart, des essais courageux mais sans véritable approche analytique. Les revues présentent régulièrement des documents, des indications importantes, sans pour autant rattacher ces renseignements aux films. Il y a d’un côté des éléments d’analyses et de l’autre les films.Les quelques exemples, qui vont suivre ont fait l’objet d’une étude complémentaire, alliant les données à un résultat.
 

La première tentative date de 1955, présentée par la revue Cinéma [1]. Le sommaire, très complet, tente de faire le tour de la question. (Histoire, industrie, réalisateurs, acteurs, genres, thèmes, débats, filmographie, bibliographie, lexique). Cet ouvrage servira plusieurs années de référence avant d’être détrôné, environ dix ans plus tard, par une vague montante consacrée à ces dossiers.

Le milieu des années 60 est sous le signe du cinéma japonais. Une soudaine floraison d’ouvrages lui est consacrée. Un phénomène en vogue qui laisse la critique sceptique sur l’authenticité, la pertinence et la valeur analytique de ces écrits. Ciment tente, en résumant chaque ouvrage, de dépister l’importance de ces nouvelles données [2].  Confuses, les approches sont souvent fécondes mais elles n’apportent rien de vraiment nouveau. Les livres sont pour la plupart, des sources de références, brassant  des problèmes déjà connus sans les approfondir.

Les revues se sont  également données le mot et leurs analyses ne se limitent pas à un seul film japonais mais en regroupent  plusieurs  dans le même article.

Pendant deux années consécutives, Image et Son, consacre un de ses numéros au cinéma japonais. Dans le premier il s’agit de comparer les points de vue des personnes qui ont l’expérience du cinéma japonais (Roland Barthes), aux critiques qui souvent n’ont eu accès qu’aux films (Chevassu, Ciment, Douchet, Gauthier, Pilard). Une confrontation qui révèle des modes d’approche très différentes. Alors que les critiques ont tendances à voir le cinéma japonais comme un seul et même phénomène (comme si ce septième art était un genre cinématographique à lui tout seul) ; Barthes parle de ce cinéma comme d’un témoin de son pays, en prenant garde de bien dissocier les deux notions (Cinéma et Japon). D’où cette célèbre phrase :

« Dans l’expression "cinéma japonais", il me semble que le fait "cinéma" est beaucoup
plus important que le fait "japonais".[3] »

Dans le deuxième numéro, Esnault garde en mémoire cette petite leçon « Barthienne » ; il retrace brièvement quelques caractéristiques de la civilisation japonaise, afin de faire comprendre aux spectateurs l’effort indispensable qu’ils doivent fournir pour accéder à cet art nippon. Esnault souhaite ainsi sonner l’alarme : 

« Il faut cesser de nous délecter de la "francomanie" japonaise… Il est temps de réfléchir
à l’ignorance dont nous la payons de retour – lorsqu’il s’agit non plus de consommation
mais de culture – et tard déjà pour perdre quelques préventions qui risquent de nous coûter cher. [4] »

 

Quelques années plus tard, Martin décide de faire le point sur «les caractéristiques des divers aspects de l’industrie et de son fonctionnement et sur les structures professionnelles qui l’encadrent comme activité à la fois technique, commerciale et artistique. » Il souhaite établir une comparaison entre les systèmes français et japonais, dans un souci de compréhension artistique. Ce n’est pas un secret, le financement des films est le cauchemar de la plupart des réalisateurs. C’est le moteur de leur liberté de création. Il existe en effet une différence fondamentale entre les deux pays : aucun système d’aide gouvernementale à la production ou à l’exploitation n’est mis en place au Japon. Un fossé entre les deux territoires qui a dû frustrer plus d’un réalisateur dans sa  créativité [5] !

 

Sommaire

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[1] n°6, juin-juil 1955
[2] Ciment, « Approches du cinéma japonais » , Positif, n°73, fev 1966, p :69-78
[3] Pillard , « Loin du Japon », Image et son, n°222, dec 1968, p :5-61
[4]« Histoire du cinéma japonais », Image et son, n°225, fev 1969, p :5-92
[5]« structures du cinéma japonais »,  Revue du cinéma, n°351, juin 1980, p :95-100