Cette nature reste souvent la plus forte comme le démontre Kurosawa dans Le château de l’araignée:
A la fin du film, l’armée de Washizu cloîtrée dans la forteresse ne voit plus que la brume qui s’est déposée sur le paysage. Comme un manteau épais, elle abrite et cache la forêt, laissant à l’ennemi le soin de préparer sa stratégie d’attaque.
Au matin, quand la brume se dissipe, les soldats discernent enfin la forêt qui, étrangement, se met à avancer... (les arbres, coupés pendant la nuit, servaient de bouclier à l’ennemi). La prophétie s’est réalisée, le règne de Washizu touche à sa fin.
La forêt est souvent le symbole d’un lieu où l’on s’égare ou qui évoque une perte potentielle; un lieu qui devient vivant, comme « organique ». Cette idée d’une nature physique se retrouve aussi bien dans Onibaba avec cette présence obsédante des roseaux, que dans L’idiot où la neige met en péril, isole et enferme les personnages, ou encore dans La femme des sables de Teshigahara. Ce sable va, tout au long du film, ensevelir et emprisonner les deux amants, étouffant leur existence. Narboni explique que contrairement à la forêt, le sable est une prison qui colle aux êtres et les accompagne comme une source poisseuse dans leurs moindres déplacements[4] .
Si la nature n’est pas omniprésente, elle peut venir s’immiscer subrepticement entre les personnages et venir combler le « vide » qui sépare certaines scènes. En témoignage les fameux « plans-vides » de Ozu .