Espace naturel

 

 

«L’importance de la nature caractérise
toutes les œuvres japonaises […][1] »

 

De nombreux films ont leur petit coin de verdure qui peut venir influencer le comportement des individus. Comme nous l’expose Leonardo de la Fuente dans Barberousse, la nature «  symbolise les états d’âmes des personnages [2]» : La pluie représente le drame, la neige la tranquillité et le soleil la joie.

La nature  peut également venir envahir les plans comme dans certains westerns où l’étendue des paysages encercle les personnages. Dans Dersu uzala la nature joue un rôle primordial ; celle-ci ne se contente pas de suggérer l’aventure mais de participer pleinement à l’histoire, à tel point que l’homme et la nature ne font plus qu’un. Tassone parle à ce sujet d’une « totale compénétration homme / nature. » Il ajoute que la découverte de celle-ci sous un nouveau jour, peut être considérée comme le symbole d’une « communion panthéiste, poétique, un sentiment sacré qui doit lier l’homme à sa mère nature[3]. »

Cette nature reste souvent la plus forte comme le démontre Kurosawa dans Le château de l’araignée:

A la fin du film, l’armée de Washizu cloîtrée dans la forteresse ne voit plus que la brume qui s’est déposée sur le paysage. Comme un manteau épais, elle abrite et cache la forêt, laissant à l’ennemi le soin de préparer sa stratégie d’attaque.
Au matin, quand la brume se dissipe, les soldats discernent enfin la forêt qui, étrangement, se met à avancer... (les arbres, coupés pendant la nuit, servaient de bouclier à l’ennemi). La prophétie s’est réalisée, le règne de Washizu touche à sa fin.

La forêt est souvent le symbole d’un lieu où l’on s’égare ou qui évoque une perte potentielle; un lieu qui devient vivant, comme « organique ». Cette idée d’une nature physique se retrouve aussi bien dans Onibaba avec cette présence obsédante des roseaux, que dans L’idiot où la neige met en péril, isole et enferme les personnages, ou encore dans La femme des sables de Teshigahara. Ce sable va, tout au long du film, ensevelir et emprisonner les deux amants, étouffant leur existence. Narboni explique que contrairement à la forêt, le sable est une prison qui colle aux êtres et les accompagne comme une source poisseuse dans leurs moindres déplacements[4] .

Si la nature n’est pas omniprésente, elle peut venir s’immiscer subrepticement entre les personnages et venir combler le « vide » qui sépare certaines scènes. En témoignage les fameux « plans-vides » de Ozu .

Une nature ancrée dans les mœurs artistiques,
à qui les Japonais rendent hommage en l’intégrant à leur propre histoire.

 


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[1] Leonardo de la Fuente, Cinéma, n°229, jan 1978, p :100-101
[2] ibid.
[3] Cinéma, n°216, dec 1976, p :108-110
[4]« Contes de la lune vague », Cahiers du cinéma, n°163, fev 1965, p :85