La mise en scène

 

 

«Elle seule recèle les secrets d’un auteur qui nous est lointain par la civilisation,
mais si proche par une façon unique de placer l’homme au centre d’un univers
qui semble n’avoir été créé que pour le concerner
.[1] »

 

Le cinéma japonais n’est pas hermétique ni complexe, il se veut au contraire clair et lisible. Si les scénarios paraissent quelquefois confus (comme on l’a vu auparavant), la mise en scène est rarement alambiquée. Elle peut parfois dérouter par son originalité mais sa charpente est toujours édifiée simplement. A propos du film de Mizoguchi, Les amants sacrifiés, Fargier parle d’un film « où tout reste simple malgré sa complexité[2]»


L’inintelligibilité qui se dégage de certaines mises en scènes, vient du fait que ces dernières fourmillent de détails que l’on a peu l’habitude de rencontre et donc d’interpréter. Des détails d’une richesse étonnante, rarement choisis au hasard par le réalisateur, mais présentés « sans commentaire » au spectateur.
L’analyse des films japonais est donc d’autant plus complexe, infiniment longue et sans cesse remaniée, que le critique saisi par une nuance, un instant, un détail, une inspiration, va s’appesantir, trouver une signification, et repartir vers une autre digression. 

 

A propos de ces approches psychanalytiques, certains réalisateurs japonais, comme Oshima, se montrent circonspects, mais restent intéressés et affables devant la plupart des interprétations.

Depuis les années 50, on a attribué au cinéma japonais certaines caractéristiques et récurrences propres à la mise en scène japonaise. Elles sont maintenant systématiques, incontournables et donnent aux critiques des champs d’actions ciblés qui reviennent comme des leitmotivs:

 

- Les plans
- Le rythme
- La musique
- La couleur
- La théâtralité
- Le jeu des acteurs

 

Peut-être par un souci d’homogénéité ou de cohérence, les critiques n’en s’écartent peu. Pour avoir une approche plus clairvoyante dans cette étude, il est nécessaire de comparer les impressions des critiques, et parfois des revues. Il ne suffit plus de repérer mais d’interpréter un signe japonais dans un langage francisé. L’étude d’une mise en scène et de sa valeur n’est jamais fondée, toujours subjective et personnelle. Le libre arbitre de chacun est en jeu … La caméra ne dévoile pas une idée, mais une infinité de sens.

 


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[1]  Douchet, « La connaissance totale », cahiers du cinéma, n°114, dec 1960, p :55-57
[2] Cahiers du cinéma, n°190, p :45