Les distributeurs français

 

De 1950 à 1975, 115 films japonais sont sortis en France contre 9088 longs-métrages au Japon [1]!En d’autres termes, 0,79 % de la production cinématographique japonaise a été distribuée en France avec une fréquence de quatre à cinq films par an. Comment expliquer cette indifférence des distributeurs?
 
Prendre la décision de diffuser un film japonais est presque un acte de bravoure ; les motivations sont rares pour défendre  un genre nouveau qui n’a pas encore fait ses preuves. Si le public des festivals lui reconnaît un certain mérite, l’exploitation auprès d’un public extérieur à ce genre d’évènement reste une sorte de défi. D’où une diversité flagrante des distributeurs (presque un par film), car rares sont ceux qui réitèrent l’opération : « paresse, incuriosité, chauvinisme, prudence financière [2] », c’est ce que met en avant Narboni. (D'autres raisons seront développer dans la seconde partie.)

 

On trouve trois sortes de distributeurs qui s’échinent à exploiter le cinéma japonais: D’un côté les grandes compagnies qui se partagent les réalisateurs reconnus en France :

N.E.F ............MIZOGUCHI

PARIS FILMS.....OZU

ARGOS FILMS....OSHIMA

MK2....KUROSAWA

 

De l’autre côté les intermédiaires tentent de se diversifier en tâtonnant de droite à gauche. 

PATHE OVERSEAS.......NAKAHIRA, MIZOGUCHI, KINOSHITA, ICHIKAWA

HERMES FILMS....Films moyenâgeux et révolutionnaires comme La porte de l'enfer et Les bateaux de l'enfer.

COMACICO......Films experimentaux et de « la nouvelle vague » comme La femme des sables.

 

Qu’ils soient petits ou grands, « On ne dira jamais assez l’importance de tels distributeurs pour la découverte de certains films qui, sans eux, seraient oubliés dans des voûtes moisies [3]»
 

Les choix des producteurs et distributeurs dépendent surtout des entrées ; il faut donc connaître les ingrédients qui composent les « recettes qui marchent ». Pour le cinéma japonais, si on se fie au goût du spectateur, c’est le côté exotique et traditionnel qui domine, lorsque les personnages deviennent surprenants dans leur façon de bouger, de parler, de s’habiller et de se comporter. Les histoires de cœurs, de sabres et d’honneur, les scénarios spectaculaires ou émouvants, les aventures légendaires, surnaturelles, féeriques font souvent partie des éléments du succès. C’est donc un demi-choix conditionné par le spectateur français lui-même.
 

 

Lors d’un entretien [4],Douchet dénonce le manque de curiosité des spectateurs envers les films japonais, ces derniers rejoignent ainsi le banc des accusés auprès des producteurs et des distributeurs.
Mais doit-on forcément trouver un coupable ? Il est certain que tous ces bouleversements ont contribué, même maladroitement, à faire connaître le septième art nippon, bien que celui-ci demeure  d’un autre monde, d’une autre culture et d’un autre temps.Quelques obstacles qui ne favorisent pas une adhésion massive et rapide du public occidental.

 

 

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[1] Source de la revue HK
[2]  Narboni, à propos du film « Voyage à Tokyo », Cahiers du cinéma, n°286, mars 1978,p :17
[3]  Tessier, Ecran, n°75,dec 1978, p :56-57
[4]« A bâtons rompus », Image et son, n°222, p :17-24