Films commerciaux,

d'exportations ou d'auteurs

 

Après quelques années de découvertes, les critiques peuvent commencer à jouer les fines bouches. Encore novices en la matière, ils savent ou prétendent savoir différencier le cinéma d’auteur du cinéma populaire ou destiné l’étranger ; mais la base de données n’est pas encore assez importante. Certains pensent noir pour ne plus penser blanc (ou inversement !) et d’autres sont de perpétuels indécis.

Lors de la découverte des Sept samouraïs, un critique le compare à « un bon film japonais de série [1]», alors qu’il se révélera l’un des plus grands chefs-d’œuvre de Kurosawa.  Inversement à la première vision de La porte de l’enfer en 1954, le film a été  salué comme une œuvre capitale alors que, dix ans plus tard, il est considéré comme ordinaire ! Vivre, jugé dans un premier temps comme un film ridicule par Moullet, a été rapidement réhabilité et l’erreur d’appréciation aussitôt rectifiée en lui restituant son émotion, sa grâce et sa beauté.

 

Il reste toutefois assez aisé de différencier un changement de style entre les réalisateurs indépendants et ceux soumis à la machine commerciale. Le côté « serial » de Baby cart l’enfant massacre ne trompe personne, ni l’érotisme à la chaîne [2] de La chatte nippone ; pourtant ces films gardent une certaine qualité qui déroute le critique. A la fois commerciaux sans excès, ils entrent dans la catégorie  "cinéma commercial de qualité".

Baby cart l'enfant massacre

 

D’autres se rangent plutôt dans la catégorie « navet » qui, par hasard, atteint souvent le "100 % commercial". Pour exemple Les six épouses de ch’ing avec sa formule gagnante : sang, violence, érotisme, sadisme [3]. Deux films de Shindo : Kuroneko que Seguin saisit comme « un produit d’exploitation japonaise, aussi fignolé qu’un quatre temps Honda ou qu’une Kawasaki W 2 SS […] [4]» et Onibaba « qui semble bien avoir pour but la satisfaction du spectateur payant » avec la présence flagrante des grosses ficelles traditionnelles et des thèmes racoleurs dont le sang et l’érotisme [5].

 

Ces films présentent une autre facette moins glorieuse aux yeux de la critique française,
déçue et à la fois « rassurée » que le cinéma japonais ne soit pas que chefs-d’œuvre et qualité.
Ils sont cependant nécessaires pour une meilleure étude d’un cinéma national.

 

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[1] Cahiers du cinéma, n°55, jan 1956, p :60
[2] communément appelé « roman-porno » au Japon
[3] Cornand, Revue du cinéma, n°235, jan 1970, p :139
[4] Positif, n°97, été 1968
[5] Gauthier, Image et son, n°193, avr 1966, p :108-110