Les films d’après guerre, émouvants pour leur réalité et leur vécu dramatique, sont des témoignages pour les générations futures et les pays étrangers. Pour en avoir souffert, les Japonais connaissent bien les effets de la bombe atomique et le revers de l’épopée militariste. Montrer au plus près, à sa juste valeur et dépouillée au maximum des effets cinématographiques, l’horreur dans laquelle fut plongé le pays, relève presque d’un sentiment révolutionnaire ou de patriotisme. Okasan de Naruse et Vingt-quatre prunelles de
Kinoshita
en sont les deux exemples les plus tristes puisqu’ils prennent la jeunesse en otage. Tessier écrit, à propos à propos du film de
Masumura, L’ange rouge, que les Japonais n’ont aucun complexe artistique ou moral pour dévoiler ces évènements. Ils montrent la réalité de la façon la plus impitoyable, à la limite du naturalisme[1].
Kurosawa a la même perception quand il parle de la misère humaine. Pour Chien enragé, comme pour Dodes’ kaden et Vivre, la description des situations et des décors est toujours cruelle et sans complaisance. Comme le pense Tavernier : plus qu’un film, Kurosawa réalise un reportage sur la société à travers la description d’un milieu[2].