Films à valeur documentaire

 

Chaque film japonais est un pas de plus vers son pays d’origine. En vrai guide touristique, ils viennent dévoiler un pan de l’histoire, de la culture et des mœurs japonaises. Quand un français regarde une œuvre qui retrace le quotidien de son voisin japonais, le film prend une valeur didactique. Tout lui semble nouveau et insolite; ce n’est plus une fiction mais une fiction documentée.

Les critiques de la revue Image et son et Cinéma, sont très attentifs à ce témoignage, apprécié pour sa valeur éducative. Issue de l’UFOLEIS pour la première revue, et publiée par la ligue française de l’enseignement, elle se consacre exclusivement à la vie des ciné-clubs et au côté pratique du film. Pour la revue Cinéma, l’équipe est composée de jeunes et d’enseignants donnant ainsi à la revue une approche pédagogique sérieuse et documentée.

Quels que soient le style et le genre du film, celui-ci a sa part de témoignage :

 

Les films d’après guerre, émouvants pour leur réalité et leur vécu dramatique, sont des témoignages pour les générations futures et les pays étrangers. Pour en avoir souffert, les Japonais connaissent bien les effets de la bombe atomique et le revers de l’épopée militariste. Montrer au plus près, à sa juste valeur et dépouillée au maximum des effets cinématographiques, l’horreur dans laquelle fut plongé le pays, relève presque d’un sentiment révolutionnaire ou de patriotisme. Okasan de Naruse et Vingt-quatre prunelles de Kinoshita en sont les deux exemples les plus tristes puisqu’ils prennent la jeunesse en otage. Tessier écrit, à propos à propos du film de Masumura, L’ange rouge, que les Japonais n’ont aucun complexe artistique ou moral pour dévoiler ces évènements. Ils montrent la réalité de la façon la plus impitoyable, à la limite du naturalisme[1].

Kurosawa a la même perception quand il parle de la misère humaine. Pour Chien enragé, comme pour Dodes’ kaden et Vivre, la description des situations et des décors est toujours cruelle et sans complaisance. Comme le pense Tavernier : plus qu’un film, Kurosawa réalise un reportage sur la société à travers la description d’un milieu[2].

 

Voyage à Tokyo

Les films sur les adolescents tel que Passions juvéniles de Nakahira Ko sont du même intérêt. La nouvelle jeunesse d’après guerre, influencée par l’américanisation, représente un contraste assez déroutant par son mélange des cultures.

Les films à tendance politique montrent l’effervescence d’une volonté de changement. Ils retracent l’histoire et les coups d’états de quelques révolutionnaires, pas toujours faciles à suivre pour des étrangers à ce genre de diplomatie ; ces témoignages ont  par conséquent un grand pouvoir pédagogique.

 

Les films sur la vie quotidienne que Ozu s’amuse si bien à dévoiler, deviennent pour les occidentaux une étude de comportement des us et coutumes de ce pays. On découvre un véritable petit empire ensemencé de détails inconnus, que même notre imagination était bien loin d’enfanter.

 

 

L’exotisme a souvent eu une valeur documentaire selon notre niveau de connaissances du pays.
Le Japon restera encore un certain temps un ravissement des yeux
pour avoir été découvert très tard et être resté isolé pendant des siècles.

C’est aussi grâce à l’excessif dépouillement des actions, au réalisme des images,
à la lenteur et à la précision du style, que le cinéma japonais acquiert son aspect documentaire.

 


Sommaire

 

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[1] Cinéma, n°137, juin 1969, p :116-118
[2] Cinéma, n°60, oct 1961, p :103-104