Des films diffusés sans un réel
travail d'exportation

 

  • Les sous-titrages :

 

La langue japonaise et son système d’écriture sont trop complexes, voire inaccessibles pour les occidentaux. De plus, la consonance des mots est bien loin de celle qui nous est familière.

Pour cette raison, le cinéma japonais a longtemps été exploité en France sans un seul sous-titre. Faute de versions françaises, on peut toujours se «  rabattre » sur les versions anglaises, moins réfractaires aux « nipponeries », mais encore faut-il ne pas être allergique aux langues étrangères !

D’un autre côté à en juger les critiques, il est parfois préférable,dans son propre intérêt, qu’un film reste vierge de sous-titres. Quand ils ne sont pas « titrés de façon imbécile »[1] ou trop littéraires, ils ne rendent compte qu’imparfaitement du film. Le résultat ne faisant qu’alourdir et rendre ennuyeux la réalisation et la perception du film.

 

On peut toujours essayer d’occulter ces difficultés et s’extasier devant la beauté des images, mais il paraît évident qu’une partie du film échappe alors aux critiques. Paradoxalement, ils ont tendance à passer outre ce problème et de profiter d’un maximum de représentations. Le manque de sous-titres n’a jamais empêché la cinémathèque de remplir ses salles ni le centre Pompidou de remporter un vif succès quand il diffusa les six films inédits de Mizoguchi en 1978. Pour Moullet c’est même « aussi passionnant que le spectacle le plus passionnant du monde, celui des rushes[2]

. » Représentant la majorité, le public moins avertis ne voit certainement pas le cinéma du même œil, cherchant avant tout à suivre l’histoire dans sa traduction littérale. L’insuffisance de sous-titres égare souvent le spectateur, le dirigeant vers l’un des plus terribles fléaux du cinéma : l’ennui.
 

"pont sous la pluie" de Vincent Van Gogh 1887

Les doublages en français :

 

  Il est sans doute plus affligeant pour un critique d’assister à la projection d’un film japonais sous une forme hybride de post-synchronisation française, que de voir un film sans aucun sous-titre. Souvent très mal interprété ou « malheureusement très inégal» [3], il est presque dommage que le film soit l’objet d’une version doublée. Même pour ceux dits populaires, il est souvent déplaisant d’avoir à subir des versions maladroitement doublées. Quel que soit son genre, chacun d’eux contribue à une meilleure connaissance de la production cinématographique japonaise ; si un film comme Le samouraï aveugle sort sur les écrans, ce n’est ni la simplicité du scénario, ni le manque de maîtrise du réalisateur Ikehiro qui paraîtront le plus regrettable, mais « la vulgarité et l’à peu près de la post-synchronisation française. »[4]
 
Même si ce genre de pratique est appliqué à tous les films étrangers, il semble évident que les Français supportent moins bien les sonorités du langage japonais ; ils le considèrent plutôt comme une sorte de langue imaginaire qui ne s’apparente en rien à celle de Descartes. Ce décalage fait paraître le doublage encore plus grossier. Lorsqu’on se retrouve face à la sensation d’une mise en scène insipide et dépourvue de tout lyrisme, on peut penser que l’on doit certainement cette impression à la négligence de la  postsynchronisation.
 

 

Les titres remaniés : Cette étude fait également partie des stratégies des Distributeurs, que nous verrons dans la seconde partie. Pour y accéder dés maintenant cliquer sur le lien :

 

Un remontage occidentalisé : Cette étude fait également partie des stratégies des Distributeurs, que nous verrons dans la seconde partie. Pour y accéder dés maintenant cliquer sur le lien :

 

Remanié, remonté, « re-titré », retraduit, c’est à travers cette nouvelle version que le cinéma japonais prend vie en France. Cette adaptation et ces sortes de déviations sont jugées nécessaires par les producteurs et les distributeurs.
 

 


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[1] Zimmer, à propos de « Kung fu hara kiri », revue du cinéma n°291, dec 1974,p:96-97
[2] Mouillet, Cahiers du cinéma, n°95,mai 1959, p :21-27
[3] Cormier, à propos du film « le cheval et l’enfant », image et son, n°132, juill 1960, p :21-22
[4] Ecran, n°63, nov 1977, p :71